Identifier une sorcière
Cela n’est guère facile, car les indices sont assez vagues. Le premier et le plus fréquent est simplement le fait que la rumeur publique incrimine une femme. Il est aussi très suspect qu’elle se laisse traiter de sorcière sans demander réparation de cette insulte en justice. Les soupçons deviennent encore plus sérieux si elle mène notoirement une « mauvaise vie », a des aventures sexuelles, jure et blasphème, travaille le dimanche, se rend peu à l’église ou semble éviter l’eau bénite. Tout cela « démontre » qu’elle est plus du côté du démon que de Jésus ! Autres circonstances aggravantes : être apparentée à une personne déjà brûlée, ou fréquenter des suspectes. Quand une femme est soupçonnée, il vaut mieux qu’elle évite d’avoir des blessures visibles. Elle aura beau prétendre s’être cognée ou avoir reçu un coup de corne d’une vache, on croira plutôt qu’elle s’est fait battre par son « maître » démoniaque, insatisfait de ses services. Une femme « de mauvaise réputation » doit aussi s’abstenir d’accomplir toute action inhabituelle ou bizarre, ne pas se disputer avec son voisin, ni donner une tape à un cheval ou offrir une pomme à un enfant – surtout s’ils tombent malades dans les jours suivants ! Bref, quand la rumeur publique vous incrimine, tout devient un indice à charge.
Aller plus loin : B 168/15-30.6, p. 7 (blessures au visage attribuées au démon) ; B 168/19-30.1 et B 168/19-30.6 (dénonciation répétée, sans preuve sérieuse) ; B 168/18-15.1, p. 3 (Frêne vient d’une famille suspecte et fait preuve d’une force physique anormale…) ; PCrim E 300-18 (paillardise) ; B 168/19-28.15 (p. 4), B 168/19-28.16 (p. 3), et B 168/19-28.7, p. 1 (absence de dévotion et jurons)